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De la décision informée à la décision partagée : une nouvelle frontière !

Les dérives de la décision informée

Ainsi, l’excès procédural, induit par la décision dite informée, se concrétise-t-il par la remise de "formulaires de consentement libre et informé" au détriment d’un dialogue véritable, avec écoute et parole mutuelles.

Comme si ce formalisme allait nécessairement satisfaire, de la part du malade, sa demande de la vérité… Et non d’une vérité, ou de sa vérité (y compris la possible demande de ne pas savoir). Cet excès a encore été souligné très récemment par le Pr. J.C. Ameisen(4).

La tentation d’éluder le dialogue(5) au profit de formulaires ‘signés en bas de page’ est accrue par l’absence de valorisation du temps de discussion par la Tarification à l’Activité, T2A. Ainsi, la volonté vertueuse de fournir de l’information visant à éclairer le patient, initialement portée par la Loi, est-elle pervertie en vie réelle par des défauts d’acculturation médicale et les conditions financières de son exercice.

L’acculturation du corps soignant, précisément, constitue une source de progrès importante que la Loi doit, à notre sens, stimuler aujourd’hui en passant du concept de décision informée (et de consentement éclairé, chargé de passivité et de soumission du… patient à une décision déjà prise, qu’il ne resterait plus qu’à entériner), à celui de prise de décision partagée.

Le partage de la décision consiste à valider la confrontation de deux expertises également pertinentes : le savoir médical et scientifique d’une part, le savoir expérientiel, les préférences et les choix de vie du patient d’autre part.

Si elle n’efface pas totalement le déséquilibre entre le monde médical et celui du patient, la décision partagée en réduit au moins l’asymétrie, au bénéfice démontré des deux parties. Or, la marge de manœuvre hexagonale est grande…

Références :

(4)Jean-Claude Ameisen. Cycle d’auditions du Sénat. APMnews, 16 mars 2018 (9h27).
(5)Les études confirment que les médecins écoutent les patients entre 18 et 23 secondes avant de les interrompre et de les rediriger, leur laissant alors 6 secondes de réponse en moyenne (Beckman HB, Ann Intern Med 1984 ; Marvel MK, JAMA 1999).

 

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