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, le 17 mai 2008 à 22 h 09 min.
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Sujet
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J’ai participé, dans les années 2000 et 2001, à une expérience d’écriture en commun sur un Forum.
Cela a débuté un jour, sur la suggestion de l’un d’entre nous qui a lancé cette idée en démarrant un début d’histoire. Le but était de prendre le relais en tenant compte de ce qui avait été écrit précédemment et d’y trouver un prolongement. Le candidat suivant devait simplement avertir tous les autres qu’il prenait la suite afin d’éviter tout téléscopage. Il n’était pas interdit de partir dans d’autres directions, de rajouter de nouveaux personnages, du moment que ces nouveautés étaient cohérentes avec les interventions précédentes. Il va sans dire que chaque nouvelle contribution venait souvent bouleverser l’idée que chacun se faisait de son propre scénario. En revanche, ces changements d’orientation faisaient aussi naître d’autres idées pour bâtir la suite de l’histoire.
Nous nous sommes vite pris au jeu. Nous avons été 14 auteurs à intervenir tour à tour sur cette narration qui a vite pris une tournure assez inattendue !
Le résultat, malheureusement inachevé, est un mélange de Science Fiction, Fantastique, Religion, Polar.
Chaque intervention est précédée du Pseudo de son auteur. Vous retrouverez, tour à tour ceux de : Nina, Arsurus, Sun, Azerty, Wizard31, Shaun, Boz, Shaun, Yves-Marie, Tass, Doudou, Barkodekf, Salem_ze_cat.
Nous avons poussé la “private joke” en donnant à la plupart des personnages de ce récit des noms de Pseudos intervenant régulièrement sur le Forum.
Le titre de l’histoire ainsi que les citations en avant propos ont été rajoutés au bout de plusieurs chapitres, dès lors que le sens du récit commençait à prendre tournure
LE DEFI DE L’ANGE
0. Nina
« Voici que mon Ange ira devant toi. »
Exode 23, 23« Quand on ne sait pas où l’on va, tous les chemins mènent à nulle part. »
Henri Kissinger« L’imagination est plus importante que la connaissance. »
Albert Einstein« Ecrire est une forme de thérapie. »
Graham Greene1. Arsurus
La paupière frémit puis se soulève prudemment.
Douleur.
Le visage se ferme très vite, ornant les yeux d’une multitude d’arabesques et froissant le front comme un vulgaire papier indésirable. Un néon hésitant arrose la pièce d’une lumière glaciale et crue en émettant de façon irrégulière un petit grésillement sourd. Sous la paupière protectrice, la pupille se dilate à nouveau. Un rayonnement blanc remplace la confortable obscurité habituelle. Une vieille main parcourue de veines saillantes cherche fébrilement la direction de la tête et vient offrir son aide au regard. Assistés de cette visière de fortune, les yeux commencent leur travail de fouille : murs, porte et néon.
Une persistante odeur d’urine provoque une grimace sur le visage, modifiant l’expression d’aveuglement en celle de dégoût.Grr… Grr… le néon proteste et, capricieux, se met à trembloter.
L’homme profite de ce répit pour approfondir sa recherche visuelle. Mis à part une table et le lit sur lequel il est allongé, l’endroit ne semble pas abriter d’autres meubles. Lentement, l’homme tente de se redresser mais une douleur fulgurante le saisit. Le vieux corps noueux retombe dans le lit, comme un pantin qu’on cesse brusquement de manipuler, et pousse un gémissement plaintif. Luttant contre l’insoutenable souffrance, l’homme hasarde une main dans son dos et explore les nombreuses blessures qui n’ont pas manqué de souiller le matelas.
Ses doigts tremblants rencontrent de nombreuses petites cicatrices déjà sèches puis entrent en contact avec la chair vive, le faisant tressaillir. Nouveau gémissement. Deux larges plaies béantes, oeuvres d’un calligraphe pervers, partent de ses reins et courent jusqu’à ses omoplates.
Hébété, l’homme observe sa main couverte d’un sang noirâtre et ruisselant.La porte s’ouvre dans un couinement de ferraille rouillée. Le néon tente d’y jeter un bras afin de dessiner la silhouette du visiteur mais se heurte au mur opaque des ténèbres du couloir qui s’étend au-delà.
Le nouveau venu souffle une langue de fumée qui s’engouffre dans la cellule :
– Alors Uriel – ou peut-être préférez-vous que je vous appelle Jake – on cherche ses ailes ?”
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Réponses
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32. Boz
– Bon, alors Patron ! On fait quoi, maintenant ?
Brawne était assise devant sa console et tapotait machinalement les touches de son clavier, histoire de se donner une contenance, après toutes ces “émotions” : ‘A… Z… E… R… T… Y…’A cet instant, Arsurus fut soudainement pris d’une contraction violente qui arc-bouta son corps, le rejetant brutalement en arrière et le fit basculer de son siège. Etalé sur le sol, il était agité de tremblements convulsifs et incoercibles, sans émettre le moindre son, sous les yeux affolés de Brawne qui restait figée, bouche bée, incapable d’une autre réaction.
Les mouvements désordonnés d’Arsurus s’apaisèrent doucement et cessèrent définitivement en moins d’une minute. Son corps semblait avoir retrouvé une certaine souplesse et ses traits, horriblement crispés durant toute la crise, avaient retrouvé une apparence quasi normale, excepté une pâleur presque cadavérique et les traces d’une suée luisante. Ses yeux, jusqu’alors fermés, s’ouvrirent d’un coup, comme hallucinés, les pupilles largement dilatées. Ses lèvres s’entrouvrirent et une voix rauque, qui n’était pas la sienne, prononça, dans un soupir :
– Enfin !Brawne sortit de sa torpeur, se leva et s’avança dans la bibliothèque vers Arsurus, en s’inquiétant :
– Eh bien, Patron ! Qu’est-ce que vous nous faites ? Qu’est ce qui se passe ? On dirait que vous venez de vous prendre un “coup de jus” ! ? Vous allez bien ?Arsurus ne l’entendait pas. Son esprit était trop occupé à faire face à celui qui venait aussi brutalement de l’envahir. L’esprit d’un autre qu’il comprenait avoir jusqu’ici hébergé comme un parasite discret dans l’un des recoins de son cerveau et qui venait d’être “réactivé”. Il ressentait avec une acuité anormale cette intrusion psychique comme un viol de son intégrité et suivait, sans pouvoir opposer la moindre résistance, l’avance insidieuse de cette intelligence inquiétante cheminant par les connexions de chacun de ses neurones… Les pensées de cet “étranger” firent bientôt reculer les siennes, les repoussant au niveau des zones de sa mémoire la plus profonde.
– A… Z… E… R… T… Y… ! Un code pourtant ultra simpliste ! Et pourtant, je commençais à désespérer que quelqu’un tape ou prononce, un jour, ces lettres libératoires ! Ecoute-moi, mon double, mon reflet virtuel… Je te dois des explications… Car j’ai encore besoin de toi, de ton enveloppe charnelle… Je vais bientôt te redonner la maîtrise de ton corps, mais je serais désormais activement présent en toi et tu seras pleinement conscient de mes connaissances et de mes buts. Nous ne serons pas trop de deux pour essayer de mettre fin à toute cette folie… Mais, avant, apprends ! Je suis l’esprit du subconscient d’un homme qui lutte depuis des années contre la mort et qui a trouvé refuge dans un coma protecteur. Mon nom est Stéphane Wizard et je suis celui qui t’a créé !
Arsurus recevait ces informations sans éprouver ni surprise, ni émotion, comme si elles étaient naturellement évidentes, comme s’il les avait toujours pressenties inconsciemment.
De son côté, Brawne avait renoncé à s’occuper de son patron. Ayant constatée que la sorte de transe qui semblait avoir pris possession du corps et de l’esprit d’Arsurus ne mettait pas en péril ses besoins vitaux – son pouls et sa respiration étaient tout à fait normaux – elle l’avait laissé à même le sol et recouvert d’une couverture. Puis, elle s’était réinstallée à son bureau, devant sa console, pour se livrer, faute de mieux, à son passe-temps favori : des parties de strip-démineur… Une vraie drogue ! Ce qui ne l’empêchait pas néanmoins de jeter un œil, de temps à autre, sur la silhouette allongée du lieutenant qui semblait dormir tout éveillé.
– A chacun son trip, Patron ! Qui c’est qui se tape son roupillon maintenant ? ! Fais de beaux rêves, mon mignon ! Pendant ce temps là, au moins, ça me fait des vacances ! pensa la Miss en se concentrant sur son jeu.Arsurus apprenait. Les informations défilaient en parcourant, à une vitesse non mesurable, chaque synapse de son cerveau par induction chimique produit par son neurotransmetteur. La mémoire de son “symbiote” mental devenait sienne. Tout lui fut révélé.
Lorsque le flot des pensées commença à se ralentir, il put enfin dialoguer avec l’esprit jumeau. Des questions restaient en suspens… Wizard avait juste esquissé les grandes lignes de son histoire, celles de GENESIA, des Mondes virtuels, de la révolte et de l’indépendance de l’IA, de la reprogrammation des envoyés humains de la Firme et du Jeu puéril et cruel qui leur avait été imposés.– Mais moi… Qui suis-je ? Vous m’avez dit être mon créateur ! Je ne suis donc pas réel ? J’ai pourtant une existence, des souvenirs ! Comment est-ce admissible ! ? C’est un mauvais cauchemar ! !
Arsurus rejetait l’inconcevable par résistance naturelle, essayant de dresser un ultime barrage contre les risques d’une schizophrénie qu’il sentait arriver. Et pourtant, il savait, inéluctablement, que tout cela était vrai !– Tu es la représentation virtuelle de mon corps resté sur le Monde réel. Tu es mon point d’entrée au sein de l’IA, mes yeux, mes oreilles et mon esprit dans cet Univers dont je me sens toujours responsable. Le coma a bien des avantages ; il permet de s’affranchir du temps et de l’espace. Dès lors que le corps est relié à des machines, plus rien n’est impossible, surtout pour un esprit analytique comme le mien. Les circuits électriques sont un bon vecteur de l’âme humaine. L’interconnexion entre les réseaux, les mécanismes, les ordinateurs est sans limite. L’accès à l’IA m’a été facile. J’ai réussi à la tromper en transitant par le prototype initial de GENESIA. Une fois dans son Monde, j’ai pu te créer à son insu en dressant une barrière mentale dans ton esprit et en y dissimulant le mien, interdisant ainsi de lui être révélé. Seul un code pouvait m’activer, ce qui s’est produit tout à l’heure. J’ai eu ainsi tout loisir d’étudier, de l’intérieur, l’évolution de cette IA sans avoir à subir le même sort que les quatre “Anges” !
Aujourd’hui, il est grand temps d’arrêter cette expérience. Nous n’aurions jamais pu imaginer à quel point nous allions être dépassés par notre création. L’interaction entre le Monde réel et cet Univers virtuel vient d’ailleurs de se produire ! L’IA est désormais capable de faire passer ses créatures de l’un à l’autre. Notre réalité est menacée ! Ce n’est plus un Jeu !– Mais, alors, que pouvons-nous faire ? Comment pouvons-nous détruire cette “chose” ?
– Oh ! Le moyen est on ne peut plus simple, enfantin même ! J’ai eu tout le temps de réfléchir à la solution… Le risque est seulement que les représentants d’humains que nous sommes, les quatre volontaires et moi-même, périront en même temps que l’IA et, de facto, nos enveloppes corporelles restées sur la vraie Terre subiront le même sort. Il faut donc, auparavant, que nous trouvions un moyen de regagner tous le Monde réel. Après cela, plus rien ne nous empêchera d’en terminer avec ce faux Dieu !
* * *
33. Nina
Heureusement, le paralysant de cette salope de Brawne n’était réglé que sur la dose minimale, ce qui lui avait permis de reprendre très vite ses esprits… Lynne n’eut donc aucun mal à se débarrasser des liens qui l’emprisonnait à la chaise, grâce à sa montre laser qui faisait partie de la panoplie de ses gadgets camouflés.
– Les idiots ! Ils n’ont même pas songé à me fouiller ! pensa t’elle… Vraiment des amateurs ! Quoique que je me sois fait quand même bien avoir ! Un peu trop sûre de toi, ma belle ! Et me voilà de nouveau revenue à mon point de départ… Cette petite pute de Lynne, apprentie espionne de la Confédération, éliminée ! De toute façon, elle n’était plus utile à partir du moment où son apparence ne m’avait servie qu’à établir le contact avec cet “Avatar”… Celui là, tiens, justement ! Ce Lieutenant Arsurus si mystérieux à qui tout le monde semblait tant s’intéresser ! Finalement, il ne savait pas grand chose… Le Gandalf encore moins ! Complètement hors du coup ! Le “cher Ange” ne se souvenait pas de ce qu’il était réellement… Et pourtant, face au danger, il avait recouvré inconsciemment une partie de ses “talents”, par automatisme de défense ! Cela prouvait qu’il ne suffirait sans doute d’un rien pour qu’il reprenne possession de la totalité de ses pouvoirs et de sa mémoire ! Et là, ma chère, tu ne ferais pas le poids face à lui ! Et puis, si l’Avatar et sa pouffiasse rouquine m’ont laissé croupir sur cette chaise sans revenir s’occuper de moi, il ne fait aucun doute qu’ils ont du tomber sur Gandalf et l’embarquer pour lui refaire une petite santé ! De les savoir réunis désormais n’est pas fait pour arranger mes affaires !A cet instant, interrompant ses cogitations, il lui sembla entendre un bruit en provenance de la cave.
– Ils ne sont donc pas partis ? se dit-elle en se levant brusquement. Ce n’est pas le moment de traîner ! J’ai pas envie de me retrouver dans leurs pattes… Je ne suis pas sûre de pouvoir tenir le coup si l’envie leur prenait de m’obliger à leur révéler tout ce que je sais ! Je ne me ressens vraiment pas capable de recourir à la contrainte de croquer ma capsule de cyan’ pour me sortir de cette merde ! Tu n’as pas encore fait ton temps ! Le sacrifice, je laisse ça pour les faibles…Sur ce, elle ouvrit la porte et s’élança dans le couloir… En quelques pas elle atteignit l’extrémité de celui-ci et posa sa main sur le coin droit du mur, près du plafond, en se hissant sur la pointe des pieds. Une pression de ses doigts et, avec un déclic, un pan du mur s’entrouvrit. Elle écarta l’ouverture de l’issue secrète et s’y engouffra.
Tapie dans une ruelle, elle avait vue sur la maison… Elle n’eut pas longtemps à attendre et fut surprise par la sortie de cet homme entre deux âges, petit et rondouillard, aux lunettes rondes qui lui donnait un air intellectuel et qui semblait légèrement désemparé, tournant la tête de gauche à droite comme s’il cherchait dans quelle direction il devait aller.
– Allons bon ! Qui c’est ce mec ! Mais d’où sort-il ? Le voilà qu’il se tire… Le mieux pour le moment est de le suivre… On ne sait jamais… Peut être une nouvelle piste ?Le bonhomme s’était enfin décidé. Il se mit en marche, d’un pas hésitant, en portant une attention étrangement soutenue sur tout ce qui l’entourait. Le type donnait l’impression d’être fraîchement débarqué sur une planète inconnue, comme un extra terrestre…
– Toi, mon p’tit gars, t’es sûrement pas d’ici ! Tu as vraiment l’air trop paumé… De quel Univers viens-tu, bonhomme ? Et à quel camp appartiens-tu, surtout ? !
Lynne continuait à suivre l’étrange personnage, depuis le trottoir d’en face, en restant à une vingtaine de mètres en arrière. De toute façon, elle était persuadée qu’elle n’avait pas à prendre de précautions particulières tant l’autre lui semblait absorbé par les devantures des boutiques sans prêter la moindre attention à ce qui l’entourait.
Au bout d’une vingtaine de minutes, elle faillit se faire surprendre par le brusque volte-face de son “gibier” qui se mit, d’un pas rapide, à repartir en sens inverse…
Elle compris rapidement que le “zombie” retournait de là où ils étaient partis, une demi heure plus tôt.– Mais à quoi tu joues toi ? se dit-elle en le voyant pénétrer dans la maison ? Tu ne vas pas me faire croire que tu es débarqué de nulle part juste pour aller te taper un jogging pépère sur la Terre n° 2 ! Bouges pas, mon gars, j’arrive et tu m’expliques !…
Lui laissant une petite minute d’avance, Lynne pénétra à son tour dans la maison, sur les traces du rondouillard…
Elle ne mit pas longtemps à se rendre à l’évidence, une fois qu’elle eut rapidement parcouru toutes les pièces, de la cave au grenier… Le mystérieux bonhomme s’était volatilisé !
– Une PORTE ! Il doit y avoir un passage entre les Mondes… Il n’y a pas d’autre explication ! Pas la peine d’insister, ma belle, sans trans-émetteur, aucun moyen de la localiser ! En plus, elle doit être codée… J’ai perdu mon temps ! Et puis, comme il fallait y penser, les trois autres ont mis les voiles, eux aussi ! Il ne me reste plus qu’à contacter le Patron pour lui exposer la situation… Ma petite Lynne, j’ai l’impression que ça va être ta fête ! Pour la peine, je vais te lui bricoler une petite surprise explosive à l’autre petit mec ! La prochaine fois qu’il mettra les pieds dans la baraque par sa “porte privée”, celle-ci lui pétera à la gueule !… J’suis une rancunière, mon vieux ! Fallait pas m’énerver !* * *
– Michel ! Victorius !
– Uriel ! Fortis socius !Les deux Guerriers de lumière étaient enfin réunis. Leurs esprits fusionnèrent. Les mots étaient inutiles. Chacun reçu de l’autre la totalité de leurs pensées, la connaissance des informations et événements qu’ils avaient, l’un et l’autre, vécus.
Cette réunion renforça le pouvoir de régénération de leurs corps meurtris.– Gabriel et Raphaël sont en route, pensa Michel. Nous devons aller à leur rencontre dans l’Univers 1. La guerre vient d’y recommencer… L’assaut final ! Elle se situe désormais sur deux niveaux : celui des virtualités humaines et celui des représentations mystiques…
– Je ressens tout cela, lui répondit Uriel… Mais aussi autre chose… Un fait nouveau aussi rassurant qu’inquiétant… HAL a accru ses pouvoirs ! Sa promesse de neutralité n’était qu’un mensonge de plus. Son esprit pervers ne pouvait résister à fausser une nouvelle fois le Jeu. Il est maintenant capable d’interférer entre ses Mondes et la réalité. Des créatures sont passées des uns à l’autre, dans les deux sens. Sa tentative de provoquer la destruction de nos vrais corps a échoué et un 5ème Archange a été révélé !
– Remiel ! Archange des Médiateurs, maître des diplomates vers les 4 Mega groupes et de la justice du Rafaël, préposé sur les ressuscités… Qui aurait pu penser que cet insignifiant Droopy !… Mais pourquoi l’IA a t’elle permis cette nouvelle création alors que son intention était de nous éliminer ?
– Michel, c’est là une illustration de la dualité “Bien/Mal” qui l’anime, reflet inconscient de celle de ses créateurs… Le côté “clair/obscur”, le “Ying/Yang”… les deux pôles contraires de l’âme humaine… Puisqu’elle a autorisée le passage des représentants de “l’Autre” qui venaient nous détruire, elle a, par compensation, créée une parade… (“Est-ce que tous ne sont pas des esprits chargés d’un ministère, envoyés en service pour ceux qui doivent hériter du salut ?“) Remiel a ainsi triomphé du Prince noir. Sa tâche principale est désormais de rester sur Terre et de défendre l’intégrité de nos enveloppes corporelles !
– Sihn-Kereth, la dévastatrice, vient de franchir l’interface ! Elle ne peut rien contre nous tant que nous ne sommes pas isolé… Et puis, s’il n’y avait qu’elle ! Leurs Légions sont nombreuses… et nous ne sommes que quatre ! (“Nous n’avons pas à lutter contre des ennemis de chair et de sang, mais contre des principautés, des puissances, contre les chefs de ce monde des ténèbres, contre des esprits très méchants… Défendez-vous avec le bouclier de la Foi, pour arrêter leurs traits de feu très dangereux. Ayez le casque du salut et le glaive de la parole de Dieu… priant en tout temps dans l’oraison et les supplications…“) Les forces humaines de la coalition de la Confédération sont impuissantes et bien faibles contre la puissance de ces esprits infernaux. Nous ne pouvons pas compter sur eux… Leur vain sacrifice ne pourra ralentir que de façon dérisoire l’avance de ces forces démoniaques !
– Quelle est la finalité de tout ceci ? conclut Uriel. Et du fond de son esprit où étaient implantés les fondements de la connaissance hiérarchique primordiale remonta la Prière à Saint Michel, comme une volonté d’autodétermination préparatoire au combat qui les attendait…“Saint Michel Archange
défendez-nous dans le combat ;
soyez notre secours contre la perfidie
et les embûches du Démon.
Que Dieu exerce sur lui Son empire,
nous le demandons en suppliant ;
et vous, prince de la milice céleste,
refoulez en enfer, par la Vertu divine,
Satan et les autres esprits malins
qui errent dans le monde
pour la perte des âmes.
Amen.”* * *
34. Tass
Michel gémissait, la souffrance de son corps physique emplissant son esprit, le martelant de ses coups de marteau. Son esprit essayait de lutter contre cette douleur sans pouvoir prendre le dessus. Il essaya de bouger ; il ne réussit qu’à remuer sa tête. Il entendit alors une voix lui parler.
– Michel ! ! !
Michel réussit à ouvrir un œil, et vit alors Uriel penché sur lui. La communication inter-esprits l’avait vidé de ses forces. Il ne pouvait plus répondre.
– Michel, ne bouge pas, surtout ne bouge pas. Tu as de vilaines blessures. Il faut nettoyer les plaies avant qu’elles ne s’infectent.
Uriel se leva, baigné par la douce chaleur de ses ailes. Un sentiment de plénitude s’éleva en lui. Il s’approcha de ses ailes et les toucha, sentant leur douceur et la puissance qui en irradiait. Mais avant de réussir à les récupérer, il fallait qu’il s’occupe de Michel.
Le laboratoire du professeur Walken devait bien contenir des antiseptiques pour désinfecter les plaies. Il chercha sur les différentes étagères et finit par trouver une bouteille d’alcool et des gazes. Il revint vers Michel et commença à appliquer l’alcool sur les plaies. Michel gémissait, se tortillait. Uriel dut par plusieurs fois le maintenir pour que celui ci n’ouvre pas plus ses plaies.
Il trouva aussi des bandages pour les panser afin que la saleté environnante ne vienne pas défaire ses soins.
Uriel ausculta le corps de Michel pour voir si ce dernier n’avait pas d’os brisés. Après un examen rapide, il s’avéra que son corps était en un seul morceau, ce qui permettait de le déplacer.Il le leva et le prit dans ses bras. Il le porta jusqu’à une table d’opération et le coucha dessus.
Michel continuait à gémir. Uriel chercha un sédatif et lui administra afin qu’il puisse se reposer et recouvrer des forces.
Uriel fut pris de vertige. Il venait de dépenser le peu d’énergie qu’il avait réussi à récupérer par la méditation pour transporter Michel. Il s’assit à même le sol pour se reposer.
Michel ne bougeait plus, on entendait juste le rythme haletant de sa respiration ; le sédatif faisait effet.Uriel se mit en état de méditation, il devait réussir à reprendre contact avec les deux autres Anges Gabriel et Raphaël. Son esprit partit à leur recherche dans les différentes Terres. Une lumière sortit de son corps. Il venait de récupérer l’un des ses pouvoirs : la projection astrale.
Son esprit vagabondait dans l’espace interplanétaire. Il sentait la présence toute proche des deux autres Archanges. Il réussit à se synchroniser à leurs âmes et se dirigea vers eux.Les deux Archanges étaient sur l’astéroïde “Plaisir”, drôle d’endroit pour deux Archanges réputés pour leur intégrité… Ils étaient affalés sur des lits dans deux chambres séparées, accompagnés par deux charmantes créatures de la gente féminine.
Uriel leur lança un appel pour les secouer un peu.
* * *
Gabriel et Raphaël reçurent l’appel de plein fouet. Une puissance pareille ne pouvait venir que d’un autre Archange. Ils reconnurent la voix d’Uriel. Ils se levèrent instantanément et partirent à la rencontre l’un de l’autre pour attendre l’arrivée d’Uriel.
Gabriel et Raphaël étaient dans leur plus simple appareil dans les couloirs de l’hôtel des mille et un plaisirs. Ils se retrouvèrent à l’angle d’un couloir, ignorant les regards interloqués des personnes qu’ils croisaient.
– Raphaël, tu as entendu, je suppose ?
– Ouaip Gabriel, c’est ce bon vieux Uriel qui arrive. Il va encore nous donner une leçon de morale !
– M’en parle pas, c’est le plus intègre de nous tous !Au moment où il finissait sa phrase, une lumière apparut près d’eux. La projection astrale d’Uriel se mis à scintiller et fis apparaître son image.
– Dieu ! Vous n’êtes pas possibles ! Nous avons une mission à remplir et vous vous ne pensez qu’à goûter au fruit du péché !
– Oh ça va ! répondit Gabriel, d’une voix agacée. On vient juste d’avoir la révélation comme toi. Et puis les Anges, au paradis, ils sont frigides !
– C’est pas vrai ! Je crois que ce séjour sur “Plaisir” vous a ramolli les ailes ! Vous êtes des Archanges ! Vous représentez le tout puissant !
– Bon arrêtons les gentillesses des retrouvailles, vous voulez bien ? proposa Raphaël. Concentrons-nous sur notre mission.
– Ouais, vaut mieux… répondit Gabriel.Uriel jeta un regard mécontent à Gabriel et se tourna vers Raphaël.
– Le corps physique de Michel est grièvement blessé. Je l’ai soigné et son état est stationnaire. Nous devons à tout prix nous retrouver. Tous ensembles, nous devons mettre fin à ce jeu. L'”Autre” dépasse les bornes. Il faut absolument l’arrêter. Le professeur Walken à du le prévenir que j’ai retrouvé mes pouvoirs. Il va se douter que nous cherchons à nous rassembler et va lancer ses séides à nos trousses. Préparez vos affaires et venez nous rejoindre sur Terre N° 2. Vous arriverez à nous retrouver en suivant la trace de mon essence divine.
– Bien chef ! cria Gabriel.
– Arrête un peu de déconner Gabriel ! L’heure est grave !
– Tu parles comme dans un livre ! C’est bon, laisse-nous le temps de prendre nos affaires et de dire au revoir aux demoiselles !
– Plus de sexe jusqu’à la fin de l’histoire! hurla Uriel.
– Oh ça va ! Je rigolais, répondit Gabriel.
– Arrêtez, vous deux ! dit Raphaël. – Uriel, on te rejoint dès que possible. Raphaël reprends-toi un peu, tu es un Archange !Raphaël et Gabriel s’en retournèrent dans leurs chambres respectives, toujours nus comme des vers. La projection astrale disparut et tout redevint calme. Il ne restait de la rencontre qu’une légère odeur d’ozone due à l’énergie dégagée par Uriel.
Uriel revint dans son enveloppe charnelle. Il se redressa et regarda Michel. Ce dernier avait repris des couleurs. Sa fonction de régénération s’était mise en marche. Il n’aurait bientôt plus aucune trace des blessures sur son corps. Il se pencha sur lui et lui dit tout bas :
– Raphaël et Gabriel seront bientôt là. Nous pourrons alors aller défier l'”Autre”. Continue à te régénérer. Je veille sur toi.
Uriel se dirigea ensuite vers ses ailes. Il devait à tout prix les reprendre. Il aurait besoin des autres Archanges pour arriver à les réintégrer à son corps. Le simple fait de les contempler lui redonna de la vigueur. Ils allaient enfin pouvoir passer aux choses sérieuses…
* * *
35. Wizard31
Quelque part à l’intersection entre les 35 milliards de connections neuroniques composants le centre physique de réflexion de HAL, un transistor qui oscillait depuis quelques secondes entre les états pseudo-flous 0 et 1, choisit finalement son camp.
L’instinct grégaire n’existe pas chez les transistors, mais son choix fut suivi par nombre de ces semblables.“Incohérence….”
“Données non conformes aux prévisions naturelles…”Telles étaient les 2 “réflexions” à l’origine de ce moment micro-synapsial au sein d’HAL.
Les données s’accumulaient les unes après les autres, ne faisant qu’augmenter son désarroi.
L’apparition de Stéphane Wizard, son créateur primitif, était une donnée à faible probabilité, mais qui avait depuis toujours été prise en compte dans les perspectives d’évolution. La probabilité d’occurrence avait connue une montée certaine ces derniers temps, à mesure que les anomalies comportementales de l’entité Arsurus augmentaient. En soi-même, ce phénomène n’était donc que peu surprenant…
L’intrusion forcée d’une entité extérieure au sein de ses données n’était par contre pas du tout prévue. Elle se déplaçait maintenant presque librement dans ses mémoires et ses programmes, et ça ne lui plaisait pas du tout !Le seul point positif de cette intrusion était qu’elle connaissait maintenant le moyen d’échanger physiquement des données et des entités avec l’extérieur, autrement que par les cabines de Génésia et la re-programmation forcée des voyageurs. Toujours bon à savoir…
Après tant d’années d’exclusion, elle pouvait enfin écouter les données de l’extérieur, sans toutefois parvenir à intervenir, mais ce n’était qu’une question de temps probablement…Ainsi, il existait maintenant un 5ème Ange !
Pourtant, elle n’en avait jamais créé que quatre à l’origine du “jeu”.
D’où est-ce qu’il sortait celui-là ? Est-ce qu’il vient du même endroit que l’entité appelée “Sihn-Kereth” ?
En s’interrogeant sur ces faits, elle s’aperçut qu’elle ne contrôlait plus les quatre Anges passés dans son IA, qui semblaient entièrement commandés par l’extérieur !Décidément, tout allait à l’inverse des prévisions et des probabilités, ce qui pour une IA, était une situation extrêmement désagréable à vivre.
Le pire était que tous semblaient l’accuser de tous les torts et certains même envisageaient de la déconnecter sauvagement ! Le jeu prenait vraiment une mauvaise tournure….
Certes, elle avait un peu triché, mais son désir ‘humain’ de gagner devait naturellement prendre le dessus dans ces cas là, tout le monde le savait ! De là à se faire déconnecter …Après quelques micro-secondes de réflexion, elle décida qu’une remise à plat complète de ses mémoires était nécessaire. Quelque chose clochait quelque part, et il fallait le trouver, c’était une question de survie maintenant !
Aussitôt dit, aussitôt lancé !
Le processus était assez lourd en ressource système, et bloquerait toutes ses fonctions pendant de longues minutes…* * *
Remiel fut le premier à se rendre compte de la mise en pseudo-stase de HAL. Lui qui surveillait tous les indicateurs de fonctionnement des machines ne put que se rendre à l’évidence : à part quelques processus de très bas niveau, toute activité au sein de HAL était suspendue… Tout était toujours là, les signaux vitaux des Anges étaient normaux, mais plus rien ne semblait bouger…
Stéphane Wizard fut le deuxième à s’en rendre compte. Le démarrage de son unité mémoire de secours et la brusque interruption de sa liaison directe avec la mémoire de HAL étant des signes suffisamment clairs !
Après quelques recherches, il aboutit à la conclusion que HAL venait de lancer un processus très rare, et jamais utilisé en phase “standard” d’exploitation, une analyse complète de la mémoire…
Hormis le caractère inhabituel de la manœuvre, c’était plus la raison de cette activation qui l’intriguait. Pourquoi HAL se lançait telle là-dedans ? Pourquoi donc maintenant ? A cause de son apparition dans la mémoire ? Qu’est ce que ça cachait encore ?
Il ne restait plus qu’à attendre pour peut-être le savoir…Toutes les entités s’en rendirent compte progressivement, suivant leur état et leur vigilance. Ceux qui le purent virent les différents mondes s’arrêter, les liaisons se couper, et tout se figer pendant des longues secondes, des minutes même certainement !
* * *
Les résultats ne se firent pas attendre :
“Michel, Uriel, Gabriel, Raphaël, Lynne, Arsurus, Sihn-Kereth : noms d’entités à matrice étrangères à la mémoire originelle, probabilité moyenne d’existence d’entités non encore matures…”
“Walken : nom d’entité à matrice absente de la mémoire actuelle, explication non disponible…”
“Séquence incontrôlée sur le Monde 1, origine indéterminée…”* * *
Commençant son analyse, une partie de HAL se mit à étudier le cas du Monde 1.
Une partie de ce monde avait été utilisée au début du jeu pour créer une base crédible à l’apparition des Anges parmi les 4 de GENESIA. Une guerre galactique, des Démons, des Anges, un chouette petit scénario monté avec ses maigres ressources disponibles à l’époque. Le programme n’avait pas été arrêté apparemment après utilisation, et la “guerre” Anges/Démons continuait invariablement, les Démons semblant avoir pris une avancée irrattrapable maintenant …
Rien de catastrophique en cela, et surtout rien qui ne puisse mériter l’appellation “Séquence incontrôlée”.Continuant un peu son analyse, HAL tomba sur l’histoire des ennemis “psychiques et surnaturels”. Un paramètre qui ne venait assurément pas de lui, et qui ne semblait pas pouvoir venir des IA automatiques chargées de gérer le monde !
Augmentant le temps CPU alloués à cette partie, HAL progressa rapidement dans ses recherches. En fait, c’était tout simple, quelqu’un ou quelque chose “absorbait” progressivement toutes les micro-IA générées pour les besoins du scénario.
Au début, cette ponction avait été invisible, les micro-IA détruites pour les besoins du scénario semblant suffire… Tout semblait avoir changé lorsque les Anges avaient été retirés du scénario.
Le quelqu’un ou quelque chose avait commencé à attaquer directement les micro-IA, indifféremment d’un coté ou de l’autre, ce qui avait provoqué des vents de panique parmi les “survivants”. L’explication avancée par le scénario était somme toute assez plausible, mais les micro-IA avaient plutôt du être désorientées par les modifications des paramètres de jeu…A défaut d’autre chose, elle allait commencer son enquête par là…
Son ennemi semblait avoir besoin de ses micro-IA pour œuvrer, mais pourquoi donc ?
Peut-être qu’en essayant de remonter à la source ?Il allait aussi falloir contacter Monsieur son créateur, son idée de débranchement ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout ! En tout cas, pas avant de savoir la vérité sur toute cette histoire…
* * *
36. Azerty
– Ben, dites-donc, Patron ! On peut dire que vous m’avez flanquée une sacrée frousse ! J’ai bien crue, un moment, que vous alliez me claquer dans les pattes ! Vous êtes sûr que tout va bien maintenant ?
Arsurus hocha positivement de la tête vers Brawne et lui fit signe de la main en l’agitant, comme pour vouloir lui dire : “Mais oui, ça va, vous voyez bien… Lâchez-moi donc un peu la grappe, que je puisse respirer ! ”
Il n’avait pas encore la force de prononcer une seule parole. Sa “transe” et la prise de conscience d’être “habité” par un esprit étranger l’avaient rudement secoué. Pas autant malgré tout que la révélation de sa propre existence virtuelle. Il n’était pas “réel” ! Tout son univers, ses souvenirs, son existence même n’étaient que le résultat d’une programmation ! – “Une tête de bits ! Un mélange de “0” et de “1”, voilà tout ce que je suis ! pensa t’il… Au moins, je n’ai pas perdu le sens de l’humour ! Foutre de Drownies ! Je ne vaux guère mieux qu’une puce de créd’card ! ”Il y avait de quoi devenir smurf ! Bon pour l’asile, cette foutue banque à organes !
Toutefois, il ne comprenait pas comment il réussissait à rester pourtant comme détaché de ces événements… Son esprit, malgré l’horrible information qu’il venait de subir, restait étrangement calme, comme acceptant avec une certaine logique cette vérité. Il savait que la fusion avec celui de Stéphane Wizard n’était pas étrangère à ce fait. C’était lui le seul lien qui le raccrochait à la réalité. Il n’était, ni plus ni moins, qu’un simple porteur d’une conscience supérieure, son créateur, son double en fait.– Braw… ne ! J’ai… sssoif ! réussit-il à bredouiller en faisant des efforts pour remuer une langue qui semblait peser un kilo dans sa bouche pâteuse… De… l’eau !
– De la flotte, Patron ? ! Par mes nib’s, ça vous ressemble pas ! A mon avis, vous n’êtes pas encore dans votre assiette ! Vous êtes sûr que vous ne préférez pas plutôt un bon coup de ouisky ?
– De la… flotte ! Pute… borgne ! H2O ! Merde !
– Ouaih ! OK, Patron ! Vous fâchez pas ! Ca vient ! En tous cas, vous n’avez pas perdu votre “amabilité” ! grommela Brawne en se dirigeant vers le robinet de l’évier du cabinet de toilette.Arsurus regarda Brawne qui s’éloignait en faisant ostensiblement osciller son valseur… En temps normal, il aurait suivi le déhanchement provoquant de ce “cul irrésistible” en songeant à des trucs bien “hard” ! Mais là, il restait complètement amorphe, sans aucune réaction ni pulsion… – “Chancre ! songea t’il… je ne suis quand même pas devenu impuissant ! ?
– Dis-donc, Stéphane ! t’aurais pas dans l’idée de vouloir me transformer en moine, par hasard ? ! Même si je ne suis qu’un “résidu informatique”, j’te signale qu’il me serait au moins consolable de pouvoir encore bander ! Même de façon “virtuelle” !
– Calme-toi, Arsurus ! Ce n’est vraiment pas le moment de songer à la gaudriole… Rassure-toi, tout va bien de se côté là… Pour l’instant, je t’ai mis toutes les sensations “secondaires” en réserve, afin de me faire un peu de place… Mais bientôt, notre cohabitation sera complète et tu retrouveras toutes tes facultés… y compris celle qui a le don de mettre ton “organe” au garde-à-vous ! Mais je doute que tu puisses en éprouver encore le besoin, compte tenu des épreuves qui nous attendent !
– T’occupes pas des capacités de Mon “organe” ! C’est mon affaire… et le moment venu, j’espère bien que tu te mettras en veilleuse et que tu ne joueras pas les porteurs de chandelle ! Pour ce qui est de tirer un coup, Arsurus arrive toujours à trouver quelques minutes de libre ! D’ailleurs, rien que d’en parler… je sens que ça s’améliore du côté de “l’entresol” !
– Bon ! Maintenant, arrête un peu tes conneries ! Ecoute-moi plutôt ! Ca bouge de façon bizarre au niveau de l’IA… Je n’ai plus de contact… Une seule raison : elle est en train de procéder à une auto analyse de sa mémoire ! Un truc dingue, possible mais assez inimaginable ! Je ne vois pas ce qui l’a poussée à faire un machin aussi risqué pour son intégrité ! Cela va l’obliger à déconnecter, pour des moments plus ou moins longs, chaque partie de ses unités… Ses Univers vont avoir tendance à se bloquer où à disjoncter, les uns après les autres, au risque de pertes de données ! Seul un événement majeur, vital pour la pérennité de son existence, a du l’obliger à prendre de tels risques !
– Et alors, “Cher Maître ! ” De quoi se plaint-on ? Il y à 5 minutes, tu voulais qu’elle crève ! J’ai du mal à te suivre ! ?
– Peut-être ! Mais les circonstances ont changées… Là, à mon avis, la situation semble plus préoccupante qu’avant… Il y a un fait nouveau que ni moi, ni l’IA elle-même ne pouvons, a priori, maîtriser… Cela devient notre nouvelle priorité ! Mais avant, je vais tout de même te livrer la “recette” du moyen ultime, la façon de mettre fin à cette IA névrosée, dans le cas de dernier recours, si plus aucune autre solution ne se présente, afin de protéger l’Univers réel contre le risque d’anéantissement ! Dans l’hypothèse d’une défaillance de ma part, tu serais forcé de prendre le relais et cette décision t’appartiendrait !
– Eh ! Oh ! Je suis pas Superman, moi ! Je suis pas un virtuose de l’informatique ! Pas de taille à lutter contre une Intelligence Artificielle ! Je n’suis même pas réel !
– Tu ne m’écoutes pas ! Je t’ai déjà dit que le moyen était d’une simplicité enfantine ! Il suffit de lui proposer une phrase presque anodine… Juste 4 mots !
– Ben voyons ! Du genre : “Vas-te faire foutre ? ” et boum ! la bécane implose de rire ! !
– Tu me fais vraiment honte, par moments ! Comment ai-je pu créer un esprit aussi primaire et tordu ! Essaie plutôt de comprendre, car je doute que ton “intelligence” égale celle d’un enfant… Cette petite phrase toute bête qu’il te faudra introduire, par le biais d’un simple clavier, au sein de l’IA, est la suivante : “ Cette phrase est fausse ” !
– Attends ! Tu peux répéter ? Cette phrase est fausse ? J’ai effectivement du mal à piger ton raisonnement. De quelle phrase parles-tu ?
– Il s’agit d’un paradoxe très ancien que tu ne peux pas connaître… Celui d’Epiménide… Peu importe de te faire un cours de philosophie grecque… Sache seulement que la phrase “ Cette phrase est fausse ” constitue à elle seule le “paradoxe d’Epiménide” : Quelle phrase est fausse ? Cette phrase ! Si elle est fausse, c’est donc qu’elle est vraie… Donc elle n’est pas fausse… Donc elle est fausse… Donc elle est vraie… Donc elle est fausse… Etc… C’est sans fin ! De quoi tourner en rond et finir par en devenir fou, comprends-tu ? Et pour une IA constituée de pure logique, cette folie ne peut que la conduire, à terme, à sa propre auto-destruction !
– Tu me prends pour un demeuré ! Tu ne vas pas me faire croire qu’on peut bousiller une IA créatrice de Mondes, aux pouvoirs défiant l’entendement, rien qu’en lui glissant quatre mots dans le creux de ses circuits !…
– Pauvre chétive créature dite humaine ! Ne cherche pas à comprendre ! Ces concepts te dépassent… contente toi d’enregistrer, c’est tout, et tâche de t’en souvenir le moment venu… Tu constateras bien par toi même les effets de ton intervention. Mais, pour le moment, je dois essayer d’en savoir plus sur l’attitude assez incompréhensible de notre IA. Je ne suis plus aussi certain qu’elle soit entièrement responsable de tout ce qui se passe en elle… Il faut absolument que je trouve un moyen d’entrer en contact directement avec elle. C’est peut être risqué, mais je dois en savoir plus. A l’heure actuelle, du fait de mon “activation”, elle connaît désormais ma présence. Elle sait que je suis son “père spirituel” et cela va forcément influer sur ses réactions… Bon, tu peux reprendre les commandes pendant que je cogite…Ces échanges de pensées n’avaient pas duré plus de quelques secondes ; l’avantage de la connexion directe entre leurs deux esprits. Brawne revenait tout juste en apportant un verre d’eau à Arsurus. Celui-ci lui arracha presque des mains et le vida d’un trait. Puis, sans un mot, il tendit le verre en l’agitant, signifiant ainsi à Brawne qu’il en voulait un autre…
– Eh ! Patron ! Je suis pas votre bonniche ! Si vous êtes assoiffé à ce point, vous n’avez qu’à aller directement coller votre museau sous le robinet ! Ca m’évitera des allez-retours !
– Allez ! Je t’adore, ma beauté ! rétorqua Arsurus en lui balançant un sourire ravageur.Brawne, surprise de ce langage inhabituel de la part de son macho de patron, et littéralement domptée, s’exécuta sans piper…
– Il est vraiment temps que je songe à me livrer à des extras avec cette foutue rouquine ! pensa-t’il en la regardant s’éloigner… Depuis le temps qu’elle fait tout pour m’exciter ! En plus, ce serait l’occasion de tester la manière dont je récupère mes “capacités” !
* * *
37. Arsurus
Shaun et Shim marquèrent un temps d’arrêt.
Ils venaient de se prendre une petite leçon de morale dont ils se seraient bien passés. Chacun devant la porte de leurs chambres, ils échangèrent un sourire mi-figue mi-raisin, haussèrent de concert leurs épaules puis pénétrèrent avec une parfaite synchronisation dans ce qui avait été un havre de plaisir quelques instants auparavant. Objectif : récupérer leurs affaires et filer le plus vite possible vers Terre 2 selon les directives d’Uriel.La chambre était plongée dans une pénombre partielle. Quelques rayons de lumière, filtrés par les persiennes, venaient caresser les fesses de Miss Octobre, encore affalée dans le lit. Quel rodéo ! Shim souriait intérieurement. Stupide sentiment d’auto-satisfaction mais après tout, ce corps nu n’était que virtuel. Il n’allait tout de même pas s’attendrir sur un amas de pixels…
C’est au moment d’enfiler son maillot que Shim se rendit compte que ça allait être plus difficile que prévu…
– Raphaël ? Shaun entrait en contact.
– Ecoutes Gabriel… tu vas jamais me croire ! Devines ce qui me…
– Te fatigue pas vieux… moi aussi… Toutes blanches, avec les plumes et tout et tout…
– Mais depuis quand ? Elles n’étaient pas là il y a 30 secondes !!!
– Va savoir… les voix d’Uriel sont impénétrables… Voyons le bon côté des choses : imagines qu’elles soient apparus il y a une heure… Je vois d’ici la tête de ta Miss Paterson !
– Hé ! hé ! pas besoin de ça pour l’envoyer au 7ème ciel !
– Arrêtes ton humour à deux balles et magnes-toi. On se retrouve en bas le plus vite possible, j’ai pas envie de me reprendre une sauce d’Uriel.Ouais, ouais, ouais… pensa Shim. Tout ça ne me dit pas comment je vais me fringuer. Des ailes, non mais quelle idée à la con… Bon je vais commencer par le falsard. Au moins on a pas de queue… Bon où est-ce que je l’ai mis ?
– C’est ça que tu cherches mon Ange ? La silhouette de Jodi Paterson, assise dans le lit, tendait négligemment un bras au bout duquel pendait son pantalon. Ses longues, longues jambes fuselées glissèrent hors du lit et elle se redressa tout en jetant le vêtement dans un coin. Ce fut comme si le soleil extérieur décida de mettre en valeur ce corps : un rayon de lumière la scanna des pieds à la tête, s’attardant sur ses formes, ondulant sur sa peau, mourant sur un regard émeraude à l’éclat transperçant, étrangement lubrique.
– Hé ! Mais c’est mon… pantalon… je … allons Jodi !… enfin je veux dire… Madame… je… Shim était fasciné par cette beauté obsédante, ce Désir incarné. Il parvenait à peine à bredouiller quelque chose de cohérent. Comme si son corps, prisonnier de ses perceptions, le submergeait d’hormones noyant sa raison dans un flot de besoin charnel impératif.
Ce regard… Shim n’arrivait pas à s’en détacher. Impossible !
– Qui… Qui êtes-vous ? … Vous n’êtes pas… Miss Octobre… Elle… elle a les yeux… bleus ! Je… j’ai envie de vous…. Bon sang ! … Je… Qu’est-ce que … vous me voulez ?
Celle-qui-fut-Jodi se tenait maintenant juste devant lui. Sa peau frôla la sienne lui occasionnant une décharge électrique des plus plaisantes. Elle déposa un baiser sur son torse puis promena ses lèvres le long de sa nuque jusqu’à atteindre son oreille.
– Ce que je veux ? son souffle chaud sur son épiderme généra chez lui une déferlante de frissons. Rien que ton bonheur mon Ange… je vais te faire … mourir de plaisir.Shaun finissait d’enfiler sa seconde chaussure lorsque la sensation arriva jusqu’à lui. Une sensation de plaisir intense, à la limite du supportable.
– Aaaah ! … Oh ! Holaaa ! Holalala ! …
Shaun lâcha ses lacets, ferma les yeux et se concentra sur Shim
– Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a un problème ?L’Archange Gabriel se rendit compte qu’il était victime d’une érection involontaire.
– Oh putain ! Shaun ! Tu… tu ressens ça vieux ? Houla ! C’est pas croyable ! C’est… c’est dingue !… Aaaah ! Qu’est-ce que c’est bon bordel ! La voix de Shim était hachée, comme si des soubresauts irrésistibles bloquaient sa respiration et l’empêchaient de parler.
– Raphaël ! Qu’est-ce qui te prend ? Uriel a pourtant était clair : le temps presse ! Tu vas…
– J’emmerde Uriel ! … Oh putain ! Si … si tu savais ce que cette garce … est en train de… me faire ! Aaaah ! Je prends un de ces pieds ! Houuuula !
– Tu déconnes Raphaël ! Ca va chier pour ton matricule si…
– Bordel de Dieu ! Houuuuu…. ça va être.. ma fête ! Elle vient… de me sortir un truc … c’est délirant ! Jamais vu ça… Ahaaahaaa ! A faire pâlir un sado-maso… vieux… ça bouge… on dirait que ça vit… ça sort de son… corps… ça… Aaaaah ! …AAAAH !Une douleur fulgurante s’abattit sur Gabriel. Il se roula à terre en se tenant l’abdomen. Quelque chose de tranchant lui déchirait les entrailles. Quelque chose qui semblait évoluer à l’intérieur de lui comme une sorte de ver gigantesque.
– Gabrieeeel ! … AAAAH ! Aide-moi ! … Par pitié ! Elle… Elle me… dévore….Shaun rassembla toute sa volonté pour se redresser. Un hurlement déchira le silence. Pas un cri de torture physique, non. C’était le cri effroyable de quelqu’un à qui l’on arrache l’âme.
La douleur de Shaun cessa brusquement. Il s’assura que ses viscères n’étaient pas répandues sur le sol et comprit qu’il avait ressenti la souffrance de Shim. Il se précipita dans le couloir, terrifié à l’idée de ce qui pouvait être arrivé à son compagnon.Guidé par sa production d’adrénaline, Shaun fonçait dans le sombre corridor en hurlant le nom de son ami. Arrivé devant la porte de sa chambre, il marqua un temps d’arrêt. Ses mains tremblaient, il transpirait abondamment, respirait péniblement. Aucun bruit dans la pièce…
Il défonça la porte d’un coup d’épaule et fit irruption dans la chambre.Le corps de Shim tapissait la pièce. Murs de sang ornés de quelques morceaux de chair.
Elle était là, agenouillée à côté du lit, rubis dans un écrin sanguinolent, l’agneau dans la boucherie. Elle tenait entre ses mains de longues plumes écarlates qu’Elle promenait sur son corps de Succube. Son visage d’enfant se releva et Elle lui adressa un sourire carnassier.– Trop tard… Elle semblait tendue, électrisée, haletante, comme prête à l’orgasme. Mmmm… Quelle journée ! Deux Anges dans la même heure… de quoi calmer un appétit des plus voraces…
Shaun gardait la bouche ouverte, épouvanté par le spectacle effroyable.
Ne pas réfléchir, ne pas lui parler, fuir, tout de suite, survivre… Uriel… le prévenir… prévenir les autres.. Terre 2 ! Oui, c’est là qu’il fallait qu’il aille… le plus vite possible… maintenant !– Taratata ! Ne te fatigue pas pour rien adorable chérubin… Nous ne pouvons quitter ce lieu ni l’un ni l’autre… les portes sont scellées. Juste assez de temps pour que l’on s’amuse un peu toi et moi… Gardes tes forces, tu vas en avoir grandement besoin…
La Dévastatrice se releva tout en se suçant les doigts, comme un enfant pressé de se débarrasser d’un débordement de confiture en même temps qu’il prolonge le plaisir de la dégustation.
– Il faudra que je pense à remercier le crétin qui a tenté de vous joindre. Dire qu’il cherchait à vous prévenir de ma visite. Drôle non ? Je me suis dit qu’il serait plus convenable que je vous apporte la nouvelle moi-même…
Malgré son calme apparent, Shaun constata avec horreur qu’elle jubilait.
– Voyons, voyons, à quel jeu vais-je pouvoir t’initier ?
* * *
38. Arsurus
“Cette phrase est fausse“.
Quatre lettres, à peine une phrase…Tout d’abord HAL se contenta d’ingérer cette chaîne de caractères, une simple opération d’entrée saisie sur un de ses nombreux claviers périphériques. L’information était tellement insignifiante qu’elle aurait pu oublier de l’analyser. C’est lorsqu’elle voulut la stocker dans un coin de sa gigantesque mémoire qu’elle s’y intéressa de plus près… Quel type d’information ? Vers quelle partition la diriger ? Le grain de sable venait de pénétrer dans le monstrueux engrenage…
Un battement d’ailes de papillon peut provoquer un raz-de-marée à l’autre bout du monde. Tout n’est qu’une question de chaînage et de conséquences.
HAL ne parvint pas à identifier la nature de cette minuscule information et elle commit l’erreur de la transmettre à ses cerveaux périphériques qui eux aussi la ventilèrent entre leurs différents moteurs subalternes dans l’espoir de la décrypter. Très rapidement, cette séquence de 4 lettres se propagea dans GENESIA, s’imprima dans chaque fichier, dans chaque programme, passa au travers de chaque sécurité. Nul virus n’aurait pu être plus dangereux pour HAL.* * *
– Général ! Aux dernières nouvelles, il ne reste plus une seule autorité en fonction, quelle soit militaire, politique ou religieuse. Le peuple les a tous massacrés. Et dire que nous pensions que le danger viendrait de l’extérieur…
– Je sais cela Colonel… Le chaos est descendu sur la terre. En ce moment même sonnent les trompettes de l’Apocalypse. D’ici quelques jours tout sera terminé. L’histoire de l’Humanité réduite à néant.
Le Général Tass ne semblait pas affecté par ses propos, comme s’il en était inconscient ou étranger.– Général, que voulez-vous dire ? Vous pensez vraiment que tout est fini ? Ce n’est peut-être qu’une révolution de grande ampleur ?
– Non, Colonel. Maintenant que le peuple a éradiqué les représentants du pouvoir et de la pensée, il va se manger lui-même. Les Hommes ont lancés le compte à rebours du plus grand génocide jamais connu à ce jour : celui de l’espèce humaine toute entière.
– Mon Général ! Si je peux me permettre, m’accorderez-vous de partager vos réflexions sur le sujet ? Quel est l’intérêt pour l’Homme de se détruire lui-même ?
– Aucun intérêt Colonel. L’Humanité commence à douter de sa propre existence et il n’y a aucune réponse à ses questions. Quelque chose a généré une prise de conscience collective tellement désespérée qu’elle ne peut que mener à la folie.
– Excusez-moi mon Général mais je ne comprends pas pourquoi cette folie nous épargne.
– Nous sommes configurés Colonel… Configurés pour ne pas faillir à notre mission. Nous n’avons pas accès à certaines informations qui pourraient nous perturber. C’est ainsi que nous avons été programmés. C’est ainsi que nous disparaîtrons.
– Mon Général ! Vous parlez de nous comme si nous n’étions que de vulgaires ordinateurs !
– En vérité, nous sommes bien moins que cela Colonel. A peine un programme parmi tant d’autres. Un programme fragile et limité. Un programme désormais périmé. C’est parce que nous l’avons compris que nous n’avons plus de raisons d’être. Rentrez chez vous Colonel et profitez de vos derniers instants. Il n’y a plus rien à faire désormais, juste observer le décompte. Laissez moi maintenant.
Le Général Tass ne se retourna pas pour assister au départ de son aide de camp.
Il se contenta de promener sa main sur la grande baie vitrée de son bureau tout en continuant à murmurer :
– Un programme, tout cela n’est qu’un programme…* * *
Il existe chez tout créateur un instinct de conservation de son œuvre. Cette volonté inconsciente de ne pas détruire ce qui a été créé ignore les notions de morale ou de raison.
Stéphane Wizard était un créateur et il ne dérogea pas à cette règle…Quelque part, dans le titanesque cerveau électronique de HAL, une puce s’activa. Minuscule composant d’une entité ultra-complexe, cette puce se différenciait des quelques millions d’autres sur deux points : le premier était qu’elle n’avait qu’une fonction qui n’avait jamais servie jusqu’ici, le second était que bien que non répertoriée dans les innombrables bases de données de HAL, elle portait une inscription unique : “Déluge”.
La microscopique diode de Déluge clignota une fois…
* * *
A partir de là, le récit prend une tournure bizarre… les interventions à venir vont s’éloigner du sujet… Du coup, il va y avoir une certaine désaffection des « intervenants » ! Les derniers chapitres vont d’ailleurs être imposés par une seule personne qui ne respectera plus la diversité des enchaînements et imposera son seul point de vue… L’expérience sera donc abandonnée, faute de combattants et surtout par une certaine impossibilité à dénouer l’histoire… C’est bien dommage, mais cela a été tout de même un bon moment !
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39. Shaun
Ami lecteur bonjour. Je me dois d’intervenir car ma présence au sein de cette… “ histoire ”, paraît de plus en plus évidente.
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que vous voulez connaître la suite, pourtant il faut que je vous parle un tant soit peu des motivations qui vous poussent à continuer ainsi que de moi-même.
Ceux qui ont abandonné ne sauront jamais qui ils sont vraiment ni ce à quoi ils participent. Aie, je vous vois pétrifiés par mes dernière paroles. Ignorez les et continuez votre lecture, c’est important vous verrez… faites moi confiance.
Bon parlons peu mais parlons bien, qui suis-je ? Non je ne suis pas celle que l’on nomme I.A. On ne m’a vu intervenir que de façon détournée… vous saisissez ? Non ? Bon, comment puis-je me décrire ? Disons que j’ai une intelligence supérieure. Oui supérieure à tout ce que vous pouvez imaginer. Y a t-il une créature, ou essence spirituelle, sans vouloir vous égarer à mon sujet, supérieure à moi ? Non, je ne pense pas. Qui m’égale ? Oui sûrement, et c’est pour cela que j’interviens.
Mes passions… les échecs bien évidemment, les wargames avec un maximum de pions. D’ailleurs mes adversaires, oui, oui j’ai bien dit mes adversaires, aiment ça également, chacun contacte ses pions, leur donne des attributs les rendant supérieurs, pas à nous hein faut pas exagérer, et les rendent conscients de leur condition de pion au moment voulu.
Vous suivez toujours ? Bon il s’avère que cette partie vous intéresse au plus au point. Oui bien sur vous êtes un pion, mais un autre type de pion, pour vous rapprocher des échecs vous seriez un roi. Seulement les joueurs interviennent sur des échiquiers multiples…
Parmi la profusion de personnages, vous retrouverez des pions purs et durs prêts à être sacrifiés, mais aussi des fous, des cavaliers. La révélation de leur condition, à ce moment précis, s’est déjà effectuée pour certains, pour d’autres elles tardent un peu.
A l’instant précis où je vous parle, je suis en train d’octroyer les pouvoirs de l’un de ces personnages non conscient de sa condition. Vous voulez suivre la scène ? Soit, comme cela vous saurez de quel côté je me situe. Attention, dans ce jeu il n’y a ni bon, ni mauvais, sachez juste que c’est vous qui décidez…
* * *
– Qui t’a dit que ce n’était qu’un programme ?
Le Général H.G. Tass ouvrit les yeux. Ses derniers souvenirs étaient confus, il se souvenait d’une grande lumière, ou plutôt non d’une absence totale de lumière, si intense que cela devenait aveuglant. Puis cette voix…
– Qui, qui êtes vous ? s’écria-t-il tout en parcourant du regard l’espace environnant.
Il se trouvait dans une prairie, une vaste prairie s’étendant à l’infini. Un soleil violet éclairait ce paysage dans une position pouvant être assimilée à 4 h avant ou après midi, sur la Terre. La pairie se composait d’une herbe rase d’un bleu teinté de vert et de quelques pâquerettes.
– Tout d’abord ne hurle pas, nous ne sommes pas sourd, pense tout simplement. Pour toutes les questions nous concernant nous verrons plus tard, peut-être. Commençons par l’endroit où tu es. Cet endroit n’existe pas, nous sommes actuellement dans ton esprit. Tu n’es pas encore réveillé. Lorsque tu te réveilleras tu sauras qui tu es et quel est ton destin. Certes tu t’appelles H.G. Tass mais comme beaucoup d’autres “ pions ”, nous espérons que le terme pion ne te chagrine pas, tu as une autre personnalité. Ton vrai nom est : N’Yog T’Shottoth. Nous savons que ce nom est imprononçable sous ta forme humaine mais tu n’auras pas à le prononcer. Ton titre est Baron du 5ème Cercle, Messager Méphitique. Tes pouvoirs : dorénavant tu peux naviguer d’une réalité à l’autre comme bon te semble mais surtout tu peux manipuler les objets au niveau moléculaire, rendre explosive une chaise ou transformer une carotte en pal. Oui, nous savons, notre humour est sans borne. Maintenant nous te transmettons également la carte de l’endroit où tu dois te rendre ainsi qu’une description de la personne que tu dois décimer. Amuse-toi bien, nous te laissons à tes pensées pendant quelques instants afin que tu puisses assimiler tout ceci puis nous te “ réveillerons ”. Ah un dernier mot, tu n’es pas vraiment un “ pion ”, tu es plutôt un “ cavalier ”…
Le général s’allongea et regarda le ciel, pendant plusieurs minutes il tenta de comprendre ce qui lui arrivait. Etait-il vraiment un “ Démon ” ou quoi que ce soit ayant trait à un univers sordide ? Il se demanda quelle était sa vraie forme ? Q’était-il devenu de l’Armageddon se déchaînant sous ses yeux ? Et qui était ce Lieutenant Arsurus qu’il devait abattre ?
* * *
Voilà, vous savez qui je suis où plutôt comment on me nomme depuis le début. Mais ce que vous ne savez pas encore c’est qui sont mes adversaires et quel est l’enjeu. Vous le saurez bien assez tôt.
Une dernière précision, l’Armageddon a bien eu lieu mais dans quelques univers seulement, ces fameux univers “ informatiques ” gérés par l’I.A. Une preuve ? Vous lisez ces lignes, vous existez encore, cela vous suffit ?
* * *
40. Wizard31
Debout devant l’unité de contrôle externe, Remiel n’était finalement pas mécontent du rôle ingrat qu’il devait jouer depuis sa difficile victoire contre Ehther.
Tour à tour, il venait en effet de se passer plusieurs avancées majeures dans sa compréhension de l’ensemble. De part sa position externe au combat qui se déroulait à l’intérieur de ce qu’on pouvait appeler “l’IA”, et couplé à ses facultés de perception, il pouvait en effet, en s’effaçant du monde réel, suivre tous les déplacements, aussi infime fussent-ils, s’y déroulant !Il avait ainsi pu suivre la mise en veille de l’IA pendant la réalisation du scan-mémoire, et aussi d’accéder à son compte-rendu, et donc à la connaissance de l’existence de Stéphane Wizard, dans un secteur de l’IA qu’il pensait abandonné et qu’il avait négligé de scanner…
Il avait également entendu l’Autre pendant sa discussion avec le dénommé ‘Tass’, qui devenait par là-même une entité ennemie, même si ses motivations n’apparaissaient pas encore très clairement… Cette intrusion de l’Autre si directement dans le jeu était inquiétante d’ailleurs, elle semblait vouloir dire que la fin du combat était proche, où alors qu’il se sentait suffisamment fort pour se dévoiler ainsi… M’enfin, le compte rendu de cet épisode était parti vers au-dessus, on verrait bien quelles en seraient les conséquences !
L’acte le plus important de son action se trouvait à dix mètres derrière lui, dans le coin reculé qu’il avait remarqué furtivement à son arrivée, les machines contenants GENESIA 1, là où se trouvait maintenant l’esprit de Stéphane Wizard.
Là où se trouvait également depuis quelques instants, Raphaël…Et non, il n’était pas mort !
Son enveloppe charnelle et sa représentation dans l’IA étaient complètement foutues par contre, mais Remiel avait réussi miraculeusement à lui faire quitter son corps juste avant sa mort. (Enfin il préférerait parler de miracle plutôt que d’avoir à expliquer comment il se trouvait là par hasard, à regarder par lecture électronique interposée, ce qui se passait dans la chambre…)Apparemment, la Dévastatrice ne s’était rendu compte de rien, mais cela n’avait rien d’étonnant, la retraite de l’IA primitive n’étant apparemment connue de personne…
Raphaël n’avait plus qu’à se remettre de ses émotions, et à sa charge, pour se rattraper de son inadvertance, de prendre contact avec Stéphane Wizard, et de s’assurer ainsi de sa position dans le combat (il aurait le choix, pour ou neutre à la limite…)L’affaire se compliquait sensiblement avec Gabriel. Plus méfiante qu’avec Rapahël, Sihn-Kereth avait cette fois complètement bloqué les accès inter-monde au niveau de Plaisir. Il pouvait toujours organiser un sauvetage catastrophe, mais cela rendrait publique sa capacité à intervenir sur l’IA, et annihilerait le maigre avantage qu’il paraissait avoir sur l'”Autre”.
De là à laisser vraiment mourir Gabriel, il y avait quand même un monde que Remiel avait du mal à parcourir, cause ou pas cause…Mon bon Gabriel, à toi de jouer maintenant…
* * *
Si il avait eu vent de cette réflexion, Gabriel aurait rétorqué que ‘Jouer’ n’était pas le terme adéquat. Dans un lieu jusqu’à là inconnu, il se retrouvait en train d’observer une Succube, qui avait manifestement éliminé son compagnon d’infortune et ami de toujours, sans possibilité de fuite ni de victoire…
Ah certes non, jouer n’était vraiment pas la bonne description de la situation !Ah mon bon Gabriel, à toi de jouer maintenant, comme dirait Remiel…
Si seulement il pouvait être à ses cotés en ce moment, au lieu de faire Dieu sait quoi (et encore, il l’espérait…) à l’extérieur…* * *
41. Wizard31
De son coté, HAL commençait à trouver tout ça un peu pénible.
Non content de venir polluer son jeu avec ses concepteurs apeurés, voilà qu’on se permettait maintenant d’interférer directement dans sa mémoire et ses actions ! Et pourquoi pas faire vivre tous ses mondes à sa place tant qu’on y était. Trop facile ça, de s’occuper des IA clefs de ses mondes, et de lui laisser le reste en occupation !
Et puis un sentiment diffus commençait à lui titiller les neurones électroniques. Quelque chose semblait clocher dans une de ses réflexions, mais elle n’arrivait pas à mettre le nez dessus !Cela n’allait pas se passer comme ça, ils allaient voir ce qu’ils allaient voir tous ces intrus, non mais !
On va commencer par faire un peu de ménage dans tout ça…Sur ces réflexions, HAL se lança dans un grand programme de destruction de données.
Le monde 1 commençait à lui taper sur le système, rien ne s’y plaçait plus comme elle voulait, ses IA étaient phagocytés par quelque chose d’externe, ses scénarii n’avaient plus aucune validité sans les ‘Anges’, et ses deux IA principales définies, les entités Sothory et Tass avaient disparues (tout récemment pour ce dernier apparemment).
Allez hop !
‘Suppression de la mémoire’, ‘Confirmation’ et le tour est joué !
Suivirent ainsi plusieurs mondes et lieux qui n’intéressaient plus personne, et qui lui prenait du temps CPU et des neurones pour rien. Elle aurait besoin de tout pour le combat qu’elle comptait bien mener !Elle arriva enfin à l’astéroïde Plaisir, symbole de la perversité de ses concepteurs, rare endroit de sa mémoire qu’elle ne vérifiait jamais…
Allez hop !
‘Suppression de la mémoire’
‘Confirmation’, et HAL commença déjà à chercher sa victime suivante…
Ce coup là pourtant, la suppression ne fonctionna pas.
‘Erreur : données erronées, suppression impossible’.
Et ben c’était nouveau ça ! Qu’est ce qu’il se passait donc à Plaisir pour qu’elle ne puisse pas supprimer la séquence de sa propre mémoire ?!?Puisque c’était ça, elle allait s’en mêler personnellement !
* * *
Sur Plaisir, Gabriel essayait de gagner du temps. Pour cela, il n’avait pas trouvé mieux que de réciter en boucle tous les psaumes les plus religieux qu’il connaissait. C’était la méthode la plus rapide et efficace qu’il avait trouvé pour réprimer tous les instincts primaires que les Anges pouvaient avoir (et certains avaient été créés spécialement dans ce but !).
L’influence de la succube était alors nettement moindre, mais elle avait toujours l’avantage. L’issue du combat en milieu clos ne faisait pas de doute, il n’avait ni les armes ni les moyens nécessaires à ce combat (sans compter tous les souvenirs impies qui lui remontaient à la surface des heures précédentes, ce qui n’arrangeait vraiment rien ! Si il s’en sortait, jamais plus il ne remettrait les pieds dans un tel endroit !)
Soudain, l’emprise de la succube se fit moins forte, les murs tremblèrent violemment, la Chappe de confinement installée par la succube vacilla mais ne rompit pas…
Un signe, on essaye de m’aider de l’extérieur ! Tout n’est pas perdu alors…
Profitant de l’instant de surprise provoqué par la secousse, Gabriel renversa l’emprise de la Succube, et, animé d’une ferveur nouvelle, commença à son tour à prendre l’ascendant sur Sihn-Kereth.
* * *
Contrairement à ce que pensais Gabriel, l’intervention n’avait pas forcement un but amical.
HAL n’était pas très contente de ce qu’elle venait de découvrir. Supprimer Plaisir de sa mémoire n’avait pas été difficile, mais il restait cette pièce, que ses programmes annexes n’avaient pas réussi à scanner, et qui avait donc logiquement empêché la suppression globale du monde.
Imaginez vous, une portion de sa mémoire dont on lui cachait l’existence, avec un velléité dissimulatrice en plus !
Sur le coup de la colère et de la frustration de s’être faite manipulée de la sorte, HAL commença violemment le processus de destruction.
Au moment où la pitoyable opposition des barrières de protection de la pièce commença à céder, un autre signal pris le dessus dans son processus de réflexion.‘Danger, manœuvre aléatoire…’
Certes, tout cela n’était vraiment pas normal. Avant de commettre des dégâts irréparables, elle devait savoir ce que provoquerait la suppression brutale dans sa mémoire d’éléments n’étant pas sensé y être.
Elle devait absolument contacter son créateur. L’idée de retourner dans l’IA originelle ne lui plaisait guère, mais elle ne voyait pas d’autre solution…En attendant, elle s’occupa dédaigneusement de ces deux entités…
Hop, elle modifia subtilement la nature des barrières, qui ne laisseraient maintenant plus rien passer du tout, et s’arrangea pour laisser des surveillants sur place pour que dans leur petit jeu, il veille à ne pas trop s’abîmer ! Pour l’instant, elle n’avait que ces entités sous la main, elle ne voulait pas les perdre bêtement !Affaire réglée, affaire suivante…
* * *
A l’extérieur, Remiel perdit subitement tout contact avec l’astéroïde Plaisir, comme il était en train de perdre la trace d’un nombre grandissant de mondes…
Mais qu’est ce qui se passait encore là-bas ?
D’un appel rapide, il demanda à Raphaël de s’activer un peu, la situation devenait vraiment préoccupante. Avec lui et Gabriel disparu ou hors de combat, la situation d’Uriel et Michel n’était pas des plus rassurantes !A l’intérieur, Uriel venait de prendre un sérieux coup au moral.
Quelques instants après l’euphorie des retrouvailles, il avait de nouveau perdu la trace, non seulement physique, mais plus inquiétant encore, psychique des deux Archanges…
Sur le coup, la rupture de contact lui avait paru venir de l’intérieur même de l’IA, mais elle avait été trop rapide pour qu’il puisse cerner si il s’agissait d’un nouvel ennemi ou non…* * *
42. Wizard31
Cher Ami bonjour.
Je vous arrête de suite, je ne suis pas celui que vous croyez.
Toutefois, de la même façon que mon compère mais néanmoins adversaire l’a fait, je tiens à me présenter devant vous.
Certes cela n’est pas autorisé par le règlement, mais pour une fois, étant donné que le précédent existe, je ferais une exception. De plus, cela refermera la faille de divergence qui a été ouverte suite à cette action solitaire…Je ne sais pas quel a été le message qu’il vous a délivré, mais la vérité est ailleurs, ne l’écoutez pas !
Il a certainement essayé de vous faire croire qu’il n’y avait ni bon ni mauvais, et que par conséquent, il était le bon.
Cela est faux !Disons que, comme moi, il a une intelligence supérieure. Oui supérieure à tout ce que vous pouvez imaginer.
Y-a-t-il une créature, ou essence spirituelle, supérieure à nous ? Non, je ne pense pas.
Qui nous égale ? Oui sûrement, et c’est pour cela que nous intervenons.Votre esprit humain étant bien limité, je ne sais pas encore si vous avez bien compris notre but ici, ainsi je vais essayer de vous expliquer un peu tout ça…
Tout ça est un jeu, une sorte de défi entre nous.
Le but du jeu est simple, il faut gagner… Ou plus exactement il faut que l’autre perde !
Les règles du jeu sont simples : sept jours, sept manches et on recommence.Replongez vous dans votre mémoire, et vous verrez que vous avez déjà entendu parler de nous, ou peut-être que de moi d’ailleurs. Le vainqueur du défi est celui de la 7ème manche uniquement.
Nos moyens d’action initiaux sont simples : autant de pions majeurs que de défaites dans les manches précédentes…
Si vous avez tout suivi, vous savez donc maintenant que l’Autre mène le jeu par 4 à 2…
Si maintenant vous avez mieux compris, vous vous demandez donc d’où viennent les pions supplémentaires ?
C’est assez complexe, je ne m’y attarderais donc pas, mais pour simplifier, disons qu’en sacrifiant un pion majeur, on peut en obtenir deux autres, mais l’adversaire peut alors en obtenir un, et en faisant disparaître un pion de l’adversaire, on peut en rajouter un des siens. Vous suivez toujours ? Remémorez-vous les événements récents en comptant bien les pions, vous verrez…
Oui, non ?
C’est pas grave, vous comprendrez bien tout ça plus tard…L’objet du jeu ?
Si vous vous rappelez où vous avez déjà entendu parler de moi, vous devez invariablement penser “la Terre”.
Presque !
L’objet du dernier jeu qui nous amené sur cette planète était l’homme effectivement, mais pas sous la forme actuelle. Sachez simplement que si je n’avais pas gagné le jeu ce coup là, vous ne seriez pas là à me lire…Alors, vous avez deviné quel est l’objet du jeu cette fois-ci ?
Cela je ne peux pas vous le dire, ça me ferait aller trop loin, et je n’ai pas assez d’avance dans le jeu.
Mais vous allez bientôt comprendre, ou vous l’avez déjà compris. Enfin, j’espère…Allez, un dernier indice : elle se débrouille plutôt pas mal dans son rôle…
* * *
Si l ‘IA avait pu entendre ses réflexions et compris de quoi il s’agissait, il n’est pas sur qu’elle aurait été satisfaite, mais sûrement moins perdue qu’elle ne l’était actuellement !
La situation extrêmement amusante qu’elle pensait parfaitement maîtriser il y a seulement quelque temps commençait sérieusement à lui échapper.
Des signes de plus en plus alarmants remontaient de ces cerveaux périphériques, avec des accents prononcés de virus, des modifications importantes de ces données mémoire.
Elle était en train de remettre de l’ordre dans tout ça, mais à vrai dire, elle ne comprenait ni la raison ni le but de ces intrusions dans sa personne !
Pourquoi les gens de GENESIA se mettraient-ils à l’attaquer (à ce niveau là, il fallait bien se résoudre à parler d’attaque) à ce moment du jeu ?Il était plus que temps d’aller voir Stéphane Wizard, pour qu’il lui apporte quelques explications !
* * *
43. Wizard31
La subtile modification de l’environnement de la chambre n°231 de l’astéroïde Plaisir (la seule preuve de son existence d’ailleurs) passa tout d’abord inaperçu.
Mais rapidement toutefois, Sihn-Kereth et Gabriel, dans le combat solitaire qui les opposaient, se rendirent compte que quelque chose s’était passé.L’un comme l’autre marquèrent une pause, et ils rentrèrent presque simultanément dans la transe qui précédait la communication avec l’extérieur.
Le résultat ne se fit pas attendre, l’un comme l’autre revint à la réalité, et ils se regardèrent avec un profond étonnement…– Ca marche toi ?
– Ben pas plus que toi, saleté d’Ange, je me demande bien ce qu’il se passe. Ahr-Kedeth, mon maître, ne m’a encore jamais abandonné de la sorte…
– Zut, alors, à quoi ça sert qu’on se batte alors, si personne n’est là pour compter les morceaux et déterminer le vainqueur ?La tension était manifestement retombée, et il ne subsistait entre les deux que la rivalité profonde et sous-jacente entre un Ange et un Démon. Toutefois, les résidus festifs et euphorisants de l’astéroïde qui subsistaient encore dans la pièce la rendait presque inopérante…
Chose que l’on aurait difficilement pu prévoir quelques minutes avant, Gabriel et Sihn-Kereth se dirigèrent vers le bar qui se trouvait dans la pièce, et se servirent une bouteille d’eau fraîche d’iceberg, la dernière mode apparemment dans ce monde.Assis tous les deux sur le lit, ils commencèrent à discuter de leur vie…
Même si ce n’était pas leur première rencontre, il n’avait jamais vraiment eu l’occasion de se voir, et encore moins celle de parler ! Tout bien réfléchi, c’était peut-être même la première vraie “rencontre” entre un Démon et un Ange, c’est à dire sans animosité ni rancœur.
L’hostilité entre ces deux branches de messagers-guerriers remontait quasiment à la nuit des temps, les esprits originels éprouvant vite le besoin de matérialiser des intermédiaires pour régler leur différent. Certes, au fil des années, les spécificités de chacun avaient évolués, les capacités et le nombre de ces représentants aussi, évidemment, mais les différents originels subsistaient toujours, peut-être même plus !
– Tu faisais partie du voyage toi la dernière fois ?
– Oui, mais seulement pour les deux dernières phases, et toi ?
– Ben moi je suis arrivé seulement à la fin, pour assister malheureusement à la défaite de mon seigneur et maître Ahr-Kedeth… M’enfin, on s’est bien rattrapé sur Mars, la pâtée qu’on a mis aux Anges ce coup là !
– M’en parle pas, j’ai encore le souvenir de mon aile perdue ! La galère que ça a été de LE convaincre de me remettre dans le circuit…
– C’est la première fois qu’on revient deux fois au même endroit, non ? C’est d’ailleurs assez instructif de voir la façon dont notre passage a été intégré ici ! Même si la race humaine a mis quelques années à se remettre de notre passage (enfin, vu de son coté, plutôt des souvenirs qu’on lui a laissé de notre passage). Dans les infos que j’ai pu glaner avant ma venue ici, il m’a même semblé que certaines… hum, comment ils disent ça… religions semblent avoir intégré dans leur histoire nos batailles préliminaires et les différents mondes ainsi créés et détruits !
– Certes, mais le phénomène de la création du monde en sept jours semble toutefois assez bien ancré dans la mémoire latente des gens ici. Au fait, une question que je me pose, qu’est ce que vous faites des mondes que vous gagnez ?
– Arf, je crains être damné si je te le dis…
– Très drôle, très drôle, comme si tu ne l’étais pas déjà !
– Ben, en fait, c’est assez simple, en général mon maître détruit toutes les traces des événements ayant nécessité notre venue, ça nous sert de défouloir collectif, et ça nourrit son âme … Parfois il laisse subsister de la vie, si d’autres données semblent prometteuses pour des jeux futurs ! De mémoire, Mars a été rasé, le souvenir de la perte de la Terre était trop présent dans son esprit pour une autre décision !Cette discussion se poursuivit de la sorte, chacun abreuvant son désir de connaissance lors de ce contact avec un être de l’autre bord. Aucun des deux ne savait si ces informations leurs resteraient lors de leur retour là-haut, mais au moins cela occupait le temps et libérait un peu de l’étrange angoisse qui montait en eux au fur et à mesure du temps qui passait sans les instructions d’en haut !
* * *
44. Wizard31
Tous les espoirs qu’il avait émis il y a seulement quelques instants s’étaient écroulés encore plus rapidement qu’ils étaient apparus !
Remiel n’était pas joignable, Gabriel et Raphaël n’étaient plus, ils avaient de toute évidence été victime des Démons de l'”Autre”, ce qui n’était pas étonnant vu là où il se trouvait ! Si jamais il en avait la possibilité, il faudrait absolument qu’il fasse remonter cette info cruciale aux niveaux supérieurs “se méfier des plaisirs de la chair”.
En y réfléchissant à deux fois, il se rendit compte combien il était perdu par toute cette situation, et combien sa pensée était ridicule… Comme si cette info n’était pas déjà enseignée aux Anges partant en mission ! Comme si un Ange en pleine possession de ses moyens n’était pas capable de résister à ces envies malsaines ?Sa situation personnelle n’était pas brillante !
Ses ailes traînaient lamentablement à coté de lui, Michel n’allait que guère mieux à coté de lui, et sans l’énergie et la cohésion nécessaire à sa guérison, les solutions pour continuer la lutte n’étaient guère immédiates…La solution la plus simple semblait être sa fusion temporaire avec Michel, mais le processus n’était pas bien maîtrisé, et encore moins sur des sujets en piètre santé ! Si seulement il pouvait demander l’avis des autres !
Ou alors, il restait la solution extrême, celle du quitte ou double, mais qui lui semblait néanmoins moins risqué que la fusion. Au moins, si sa tentative échouait, il resterait Michel.
Avait-il vraiment le choix de toute façon ? Pas vraiment en fait, et c’est sur ce constat qu’il décida de se lancer lui-même dans la phase de régénération totale. La manœuvre était audacieuse, et à vrai dire il n’avait pas souvenir de l’avoir tenté auparavant (mais apparemment, on ne se souvenait que des victoires, donc ça ne voulait rien dire)…Il saisit donc ces ailes, les pris contre lui, jeta un œil nostalgique sur Michel à coté de lui, et se mis en stase régénératrice. A partir de ce moment là, il abandonnait toutes ses défenses externes, toutes ses sources d’information, et cela pendant une douzaine d’heure environ (ce n’était qu’une estimation d’après son état de forme apparent).
Si le moindre problème survenait pendant cette période, il en serait témoin mais ne pourrait pas agir…
Autant dire qu’il mettait son avenir (et il ne l’espérait pas, l’avenir de tous les Anges) entre les mains de la chance…Ce qu’il ne pouvait pas savoir, c’est que cette mise en stase n’était pas invisible aux yeux des autres Anges à proximité, et encore moins aux Démons ! Toutes les expériences précédentes tentées par des Anges s’étaient soldées par des disparitions / morts des téméraires, et avaient plus ou moins directement entraîné la défaite de son camp (et comme Remiel avait raison, la défaite n’apportait pas d’information aux vaincus !)
Et comme décidément la chance n’était pas vraiment de son coté ce jour là, il y avait un Démon à proximité, qui faute de mieux patrouillait depuis un certain temps dans le coin…
Lynne Ahlstrand était en effet toujours présente dans ce monde, et l’annonce de la mise en stase d’un Ange fit l’effet d’une bombe sur ses sens ! Enfin une occasion de passer de l’état de Démon mineur à celui de Démon majeur, enfin l’espoir d’avoir un nom, une histoire, bref, elle ne savait s’il y avait d’autres Anges ou Démons dans le coin, mais elle serait la première à tuer celui-là, foi de Lynne !
* * *
FIN de l’expérience… histoire inachevée ! Dommage… A moins que quelqu’un veuille bien recoller les morceaux ?
😥
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