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Interview : Françoise Rey, diététicienne – une approche différente de la diététique en dialyse

Pommes de terre, raclette, chocolat, etc.

Par exemple, si l’on mange des pommes de terre le week-end et que l’on est anurique, il faut savoir que l’on doit prendre un chélateur du potassium, car il y a deux jours sans dialyse, et que le potassium risque d’être trop élevé dans le sang. Si on sait cela, aucune raison de s’interdire les pommes de terre !

Certaines personnes aiment la raclette. On ne va pas s’interdire la raclette durant 20 ans ! Il faut plutôt regarder comment c’est possible de manger cette raclette : par exemple, la manger le mardi soir est mieux si vous dialysez le mercredi matin, à cause du sel et du phosphore, et là, vous prenez aussi vos chélateurs de phosphore.

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Bien entendu, si j’ai un patient qui mange des grandes quantités de gruyère, je lui dirai de diminuer, mais j’ai en contrepartie à ma disposition toute une gamme d’aliments dans laquelle je peux piocher, en lui proposant un large choix d’autres fromages moins riches en phosphore. Je chercherai le fromage qui correspondra le mieux à ses goûts, à son caractère, en cherchant à le pénaliser le moins possible.

Certains patients me disent «Moi, quand je commence à manger du chocolat, je ne peux plus m’arrêter». A ce moment là, je leur explique que ce n’est pas prudent de trop manger de chocolat, mais ce n’est pas une raison pour s’en priver non plus ! Il faut trouver des petites choses qui font plaisir : un petit carré de ce chocolat, avec le café par exemple, c’est un rituel agréable qui permet de ne pas se sentir frustré.

Des personne me disent «Je ne peux plus manger de plats en sauce», mais pourquoi ? On peut faire des sauces qui ne pénalisent pas non plus les gens ! Il n’y a aucune raison de leur enlever la sauce !

D’autre part, je ne donne jamais de table de composition, ce n’est pas du concret, c’est compliqué et infernal de toujours compter. Il vaut mieux faire le parcours alimentaire de la journée du patient, pour voir avec lui ce qu’il y a à changer ! Ensuite, lui apprendre les équivalences d’aliment ou d’assiette, c’est plus simple à utiliser.

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2 Commentaires

  • Mme REY, c’est une très belle ITW avec une approche très intéréssante dont je bénéficie vu que je dialyse à l’AGDUC.
    En revanche, je trouve ce discours très incohérent vis à vis de la situation que vivent les patients de l’AGDUC (nouveau) meylan en étant privés de repas avant la dialyse.
    Comment peut-on parler des dangers(bien réels) de la dénutrition et de la malnutrition en dialyse tout en privant les patients de repas de midi et de soir (pour les très rares et chanceux patients de soirée) le jour des dialyses 3 fois par semaine?

    En l’attente de votre réponse.

    Bien cordialement,
    Delphine BLANCHARD, patiente de l’AGDUC Meylan.

  • Mme Rey intervient ici en son nom propre et pas au titre de l’AGDUC. Malheureusement les personnels des unités de dialyse n’ont pas toujours la maîtrise de la politique des établissements ni des choix qui y sont faits. La suppression (ou la “minimisation”) des repas en dialyse est une tendance forte ces dernières années, pour des raisons évidente de rentabilité. Elle se fait contre l’intérêt des patients, qui sont nombreux à être dénutris. De plus, les études montrent que la prise d’un repas à l’occasion de la dialyse est un impératif médical. Enfin, la prise d’un repas constitue un moment de plaisir et de convivialité et ils ne sont pas si fréquents en dialyse… Pour ces raisons, nous nous sommes battus pour que la proposition d’un repas ou d’une collation soit un des engagements de la charte de la dialyse : http://www.renaloo.com/e-g-r/la-charte-de-la-dialyse

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